Note de 2021.

Recyclage.

Il y a également une improvisation dans la sphère de l’écriture musicale et dont je n’ai pas encore parlé ici. J’en ai retenté l’aventure à plusieurs reprises après 2006 (1) pour ma part au moyen de transformations d’une matière brute, le plus souvent une improvisation enregistrée, mais qui peut être une œuvre musicale écrite en son exécution — une partition préexiste donc en ce cas.  Il s’agit alors de capter la matière musicale en y intégrant une part de hasard, un hasard qui dans mon cas est la marge d’erreur de l’appareil de captation. Cette marge devient alors le terreau de développements parallèles propres à dévier l’œuvre initiale et à en découvrir la renaissance ou la transfiguration. Nous sommes dans la continuation des musiques aléatoires.

Ces développements seconds emprunteront soit des méthodes manuelles de type composition conventionnelle, soit des méthodes informatiques de calcul, sur la base d’éléments discrets (au sens mathématique ou linguistique d’unités distinctes, délimitables — les notes ou les mesures en sont un exemple), ou encore des méthodes numériques de transformation sur la base du matériau (comme le timbre) ou du continuum (comme le tempo et l’articulation) (1).   L’esprit de création et le bon goût deviennent ensuite les outils d’un travail de remise en forme et de raffinement. Il y a là en tout ça une analogie avec le palimpseste, sans doute, mais surtout avec le recyclage.

Je donne ici la définition (technique) du terme, issue de mon vieux Lexis (l’un des plus formidables dictionnaires, en passant, et l’un des plus mal connus — j’ai l’édition de 1975, qui appartenait à ma mère).

Recyclage. — Action de réintroduire dans une fraction d’un circuit un fluide ou des matières qui l’ont déjà parcourue, lorsque leur transformation est incomplète par un passage unique.

Noviaus Tanz.

Je reviendrai sur le sujet dans ce journal et donnerai des exemples tirés de mon œuvre Noviaus Tanz (2012), où les parties de violon et de violoncelle, interprétées par deux instrumentistes, ont été captées pour servir de matériau à leur propre accompagnement, après leur réintroduction sous forme d’instrumentation virtuelle (3).


(1) J’avais tout de même l’expérience de 1982 et 1983 avec mon Edro Erdrosed, variantes  I & II — Erdro Erdrosed I, pour magnétophones, exécutants-improvisateurs et auditoire. Créée à la galerie Véhicule Art de Montréal sous la direction du compositeur, les 22 et 23 mai 1982.
25:00.
Erdro Erdrosed II, pour 6 magnétophones et 3 exécutants-improvisateurs (guitare, clarinette et piano). Créée au Musée d’Art contemporain de Montréal, sous la direction du compositeur, les 1er et 2 octobre 1983. 60:00.

(2). J’utilise pour ce faire différents logiciels. Sibelius et Dorico pour ce qui est de la composition conventionnelle, puis notamment Pro Tools et Cubase pour ce qui est des transformations numériques, de même que l’extraordinaire Melodyne dans sa version complète.

(3). J’ai alors utilisé les cordes solo et une partie du séquenceur interne de la Vienna Symphonic Library.

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