Nouveau cycle : le livre audio.

Le plan est de réaliser deux livres audio à partir de mes récits, publiés sur une décennie, de 1990 à 2000, aux Édition du Beffroi (Québec), puis aux Éditions Humanitas (Montréal). Ce sont Le Sagittaire d’Evesham et La bataille des Alberti, ainsi que Les Immortels de Mathijsen. Cf.Romans et récits sur mon site. Je commencerai par le Sagittaire et sauterai ensuite aux Immortels. La Bataille est un récit plus particulier, une étrange écriture de jeunesse (que je ne renie point) mais qui n’appelle pas si facilement le livre audio tel que je le conçois aujourd’hui, et tel qu’il sera expliqué plus loin. Le mien avis peut changer, toutefois, après les deux premières entreprises.

Point de départ. — Une affaire de mise en scène sonore. Un cinéma sans image physique (cette lourdeur hypnotique), où souffle l’image mentale que conduisent, ou appellent, le bruit, la musique, la voix. Jeu des yeux intérieurs. Non que l’image psychique, subjective, soit supérieure et désirée. Elle sera coutumière, repliée, ininventive, empruntée, prise aux réflexes qu’installe la vue de toutes choses, partout, on ne sait, ou dans un seul souvenir. Là n’est pas le besoin. Nous la voulons à soi, mais commune, rassurante, qui plane en toile de fond, à l’ombre, ou en nuages et nuées d’oiseaux intimes, et n’intervient pas (comme le feraient les images d’un autre). Le monde sonore la laisse aller.

Un cinéma sans image physique (cette lourdeur hypnotique), où souffle l’image mentale que conduisent, ou appellent, le bruit, la musique, la voix.

Monde sonore, côté bruits. — Maintenant, qu’est-il ?  Des champs d’information, partie jardins à merveille découpés (A), partie en friche avec les fleurs sauvages du sensible (B).

A. Informare, « donner une forme » (enformer). Les bruits découpent donc la représentation (puisque nous y sommes). Comme l’image-cinéma, mais où les groupes, les plans, remplacent la surface projetée, avec ses lignes, ses masses, ses vides et ses contrastes, ils vont en séquences, telles des troupes de messagers (des grappes de pigeons en voyage, qui roucoulent en vol leur message). S’il est besoin de migrer (de changer de lieu, de décor, d’ambiance), c’est aussi leur puissance. Ils assoient des univers, les allument et les ferment. Les bruits agissent sur la lumière, celle que l’on se fait. Ils la transforment.

B. Informis, « non façonné », « inachevé », ou « qu’on ne peut reconnaître par sa forme ». Rapprochons (en le tirant un peu par les cheveux) ce substantif d’état, par similitude, du terme d’information (informationem). Les analogies ont une âme et pensent à notre place, souvent. L’informis, c’est ce qui résiste à l’informare, à quoi on ne peut donner forme. Il est hors information, étranger aux plans. Il participe du hasard des cœurs, tient à l’inexplicable, à la spiritualité de l’acte créatif, aux hors-champs de la cosmologie humaine. À l’entrée du mot, d’ailleurs, le Littré n’oublie pas les « étoiles informes », celles « qui n’entrent pas dans les constellations » . Ce sont des sparsiles. Le nom est introuvable aujourd’hui, enfoui sous les nomenclatures de l’astrophysique. Les Larousse du XIXe et XXe siècles ajoutent qu’elles sont « disséminés dans le ciel », éparses.

Dans le cadre des bruits, il y a donc l’information et les sparsiles. Je propose cette appellation.

(À suivre : Monde sonore, côté musique. —)

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